A soldier in Bhutan has not a distinct profession. Every man is girt with a sword, and trained to the use of the bow. [...] The leaders only are on horseback, and are covered with a cap, rough with red-dyed cowtails, When they go to war or to an engagement, they whoop and howl to encourage each other and intimidate the enemy.", Narrative of the mission of George Bogle to Tibet, Clements R. Markham, 1876.
Sabre Bhoutanais - Patag
Pays d'origine : Bhoutan
Datation : Fin 19ème / début 20ème
Matériaux : Tissus, Argent, Acier, Turquoise, Or
Provenance : François Hayem / Pierre et Claude Vérité
Taille totale : 86.0 cm
Taille de lame : 68.0 cm
Le Patag est le sabre emblématique du Royaume du Bhoutan, traditionnellement porté par les guerriers et les dignitaires en tant que symbole d’honneur et de statut. Bien qu’il partage avec les sabres himalayens la caractéristique lame à motif dit « en épingle à cheveux », qui atteste de son origine régionale, le Patag se distingue aisément de ses homologues tibétains par ses garnitures caractéristiques.

Un Kazi à cheval, portant une Patag (P. et F. Donaldson, 1900)
Parmi ses éléments les plus remarquables figure le pommeau hexagonal, généralement façonné en argent, en maillechort ou en fer, et souvent gravé ou ajouré de motifs décoratifs complexes. Il peut être doré à l’or ou orné de petites incrustations de turquoise ou de corail. La poignée facettée est le plus souvent gainée de galuchat ou enroulée de fils d’argent ou de laiton, parfois tressés ou torsadés. Le fourreau est généralement divisé en trois sections : la partie inférieure est couramment habillée d’argent, de maillechort ou de laiton, tandis que les sections centrale et supérieure peuvent être recouvertes elles-aussi de plaques métalliques, de galuchat ou de cuir.
Il existe plusieurs types distincts de Patag, chacun portant un nom spécifique, souvent terminé par « –Chemn », qui reflète la combinaison particulière de matériaux et de décors en relief utilisée dans sa fabrication. Comme mentionné précédemment, le style du Patag porté à la cour royale servait de marqueur visuel du rang ou du statut de son détenteur. Parmi les exemples les plus emblématiques que l’on rencontre sur le marché occidental figurent le Churi Chemn (porté par la famille royale et les hauts dignitaires) et le Hoshu Chemn.
Le Hoshu Chemn est un type d’épée bhoutanaise relativement courant. Son fourreau est composé de trois parties : la partie supérieure en cuir rouge, la partie centrale en cuir noir et la section inférieure recouverte d’argent, de maillechort ou de laiton.

Sabre Hoshu Chemn, précédemment dans ma collection personnelle
Le Churi Chemn, beaucoup plus rare, présente un fourreau entièrement gainé d’argent. La section centrale est décorée d’un motif « churi », un relief ondulant stylisé, rehaussé de gravures florales et végétales.
L'exemple présenté ici appartient à une catégorie particulièrement rare de Patag, dans laquelle la section centrale du fourreau est embossée de dragons parmi les nuages, ou de Singha (lions protecteurs).

Ces sabres sont attribués aux ateliers royaux et se trouvent aujourd’hui en majorité dans les collections et musées occidentaux, notamment le Metropolitan Museum de New-York (n° 2014.281 a,b), le Marischal Museum (ABDUA: 61928), le Victoria & Albert Museum (n° IS.2:1,2-2007) et le Musée de l’Armée à Paris.

Patag avec un panneau central décoré d'un dragon (Metropolitan Museum de New-York, n° 2014.281)
L’exemplaire conservé au Marischal Museum est connu pour provenir de l’expédition Younghusband, célèbre pour avoir acquis de nombreux artefacts bhoutanais et tibétains.
Ce sabre constitue un exemple remarquable de cette catégorie. Le travail en repoussé y est d’une finesse exceptionnelle, représentant un dragon de face au milieu de nuages tourbillonnants, tenant dans chacune de ses griffes une conque (Dung-Dkar). Dans le symbolisme bouddhique, la conque représente la puissance, l’autorité et la souveraineté, ainsi que la vérité du Dharma.

Le pommeau est richement ciselé, orné de symboles auspicieux tels que le joyau sacré, les fleurs de lotus et la roue du Dharma. Ces motifs sont en outre rehaussés de détails dorés, tandis que le joyau sacré est figuré par une turquoise entourée de flammes. Dans le bouddhisme, la turquoise est considérée comme un symbole de bonne santé et de prospérité, et l’on croit qu’elle protège contre le mal.


Cette pièce se rapproche de façon frappante, par son style et sa qualité, des exemplaires conservés au Musée de l’Armée et au Marischal Museum. Sur la base de leur provenance et de leurs caractéristiques stylistiques, il est généralement admis que ces épées furent produites à la fin du XIXᵉ ou au début du XXᵉ siècle, au sein des ateliers royaux du Bhoutan.




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